Nouveau : Un indice de QV2T pour évaluer les mutations du monde du (télé)travail et leurs implications sur l’épanouissement au travail

Publié par

Un indice de QV2T à 59/100 qui cache des grandes disparités de vécus et de conditions de télétravail. Des cadres de (télé)travail à adapter pour augmenter ce score !

Avec la crise globale engendrée par la Covid-19, le travail de l’ensemble des actifs français a dû se réinventer. Mais cette réorganisation dépend des tâches exercées et mène à une diversité de situations sociales et individuelles. La Fabrique Spinoza, l’institut Think et Norstat France se sont donc associés pour créer un nouvel indice de référence nommé QV2T (“Qualité de Vie au Travail et au Télétravail”). Cet indice vise à évaluer le bien-être des travailleurs, en prenant en compte le fait que ceux-ci sont des nouveaux télétravailleurs réguliers ou occasionnels, des télétravailleurs l’ayant expérimenté durant la pandémie ou des travailleurs “classiques”.


Un tel outil a l’ambition d’avoir une hauteur de vue sur l’ensemble de la société française active. Prévue pour être réalisée chaque mois par les acteurs du monde du travail, l’évaluation est destinée à chacun, quelle que soit sa situation professionnelle. Outre un état des lieux du travail en France, un des objectifs d’un tel critère d’évaluation est aussi de mettre en lumière le rapport entre des non-télétravailleurs, des télétravailleurs l’ayant été pendant la pandémie et des nouveaux télétravailleurs réguliers ou occasionnels.


LE MONDE DU (TÉLÉ)TRAVAIL A-T-IL VÉRITABLEMENT CHANGÉ ?


Un constat tout d’abord : il existe une disproportion flagrante entre les personnes qui télétravaillent (ou ont télétravaillé) et celles qui ne télétravaillent pas. 58 % n’ont pas télétravaillé pendant la pandémie. Aussi, parmi les télétravailleurs l’ayant été, 1 sur 2 n’est désormais plus du tout un télétravailleur (avec un retour à 100 % en présentiel), notamment dans le secteur public. Cela prouve que de nombreuses professions ne sont pas exerçables à distance ou bien que ce n’est pas l’idéal pour elles.

Pourquoi certaines personnes ne peuvent-elles pas télétravailler ? Les raisons sont multiples :

  • travail de contact : santé, lien social, enseignement, sécurité, commerce local, services, …
  • travail manuel : agriculture, artisanat, industrie, BTP, … 8 % d’ouvriers seulement ont expérimenté le télétravail
  • pas d’équipement informatique ou illectronisme
  • pas d’espace de travail adapté et suffisamment grand : parmi les télétravailleurs, si 17 % ont pu déménager, l’attractivité des villes en termes de coût, d’environnement et de climat est une priorité pour plus de 81 % d’entre eux
  • pas de bureau dédié : 64 % des télétravailleurs en ont un. Cette proportion est plus élevé chez les plus aisés, les télétravailleurs réguliers, les + de 55 ans et les hommes
  • autres activités parallèles exercées lors du télétravail : charge mentale, tâches du quotidien, enfants à garder, …, notamment pour les femmes
  • besoin de relations professionnelles et sociales

En France, cette dominance du travail “classique”, en présentiel, ne doit pas être oubliée lors des réflexions actuelles sur les mutations et l’amélioration des conditions de travail. Il ne s’agit pas de considérer que le télétravail pourra faire disparaître le travail classique mais de considérer l’existence de deux façons de travailler, parfois exercées hebdomadairement par un même travailleur. Aujourd’hui, 1 actif sur 4 reste en télétravail partiel, en moyenne 2 jours par semaine.


QUELLES OPINIONS ET IMPRESSIONS DOMINENT-ELLES CHEZ LES (TÉLÉ)TRAVAILLEURS ?


Les travailleurs éprouvent-ils du bien-être dans leur situation professionnelle ? Plus de 60 % des travailleurs éprouvent de la motivation, de la satisfaction et du plaisir. Cela est dû à leur sentiment de liberté, de cohésion dans leur organisation, de sens donné à leur vie et de perspective d’évolution professionnelle. Ces sentiments sont d’ailleurs en hausse concernant les salariés, alors que seulement la moitié d’entre eux déclarent que leur organisation prend en compte ces critères. En fait, les managers sont de plus en plus présents pour adopter une posture d’accompagnement envers leurs collaborateurs (54 % aujourd’hui). Ces critères de QV2T peuvent permettre de savoir sur quels points précis il s’agit, pour les organisations, de s’améliorer.


Les nouveaux télétravailleurs sont-ils plus satisfaits par leur travail ou leur télétravail ? Ils sont en avance de 10 points sur tous les critères par rapport aux personnes n’ayant jamais télétravaillé. Souvent, l’existence du télétravail dans une organisation signifie qu’il y a eu un compromis négocié, c’est-à-dire une prise de décision collective et une réflexion consciente sur le bien-être des télétravailleurs. En effet, 67 % des télétravailleurs déclarent que leur entreprise prend en compte leur bien-être, contre 51 % des travailleurs n’ayant jamais télétravaillé.


Néanmoins, ceux qui ont la QV2T la plus haute sont non seulement le plus souvent en télétravail mais aussi heureux en raison de leur profil. Ce sont en majorité des salariés d’entreprises prenant en compte le bien-être (indice de QV2T de 68/100), des artisans/commerçants/chefs d’entreprise libres dans leur organisation (67/100), des télétravailleurs de TPE-PME (66/100), des télétravailleurs réguliers (64/100), des 18-29 ans (63/100), des CSP+ (63/100) et des top managers (62/100). Le télétravail est donc une raison nécessaire pour la QV2T mais non suffisante.


Enfin, d’autres critères de QV2T que le type de travail contribuent au mal-être de certaines personnes interrogées pour l’étude. Ainsi, le télétravail est moins cité comme une difficulté (par 31 % des actifs) que le mauvais sommeil à cause d’inquiétudes lié à son travail (36 %, en hausse actuellement), l’anxiété et le stress (47 %, aussi en hausse actuellement), la mauvaise organisation de l’entreprise (48 %) et l’inadéquation entre la rémunération et le travail effectué (50 %).


COMMENT L’INDICE DE QV2T PARVIENT-IL À PRENDRE EN COMPTE SIMULTANÉMENT LA NÉCESSITÉ DU TRAVAIL CLASSIQUE ET LA CROISSANCE DU TÉLÉTRAVAIL ?


Pour évaluer la Qualité de Vie au Travail et au Télétravail, l’indice développé dans cette étude n’oppose pas deux mondes du travail imperméables l’un à l’autre mais prend plutôt comme point de départ les (télé)travailleurs eux-mêmes. En constatant la diversité des situations, il s’agit de proposer des solutions adaptées à chacun.

Certains items utilisés par l’indice de QV2T peuvent ainsi devenir des marges d’amélioration pratiques sur lesquelles l’employeur peut jouer. Exemples : pour 82 % des télétravailleurs actuels, la fréquence de télétravail (en moyenne 2 jours par semaine) est adaptée. Par conséquent, l’alternance de jours télétravaillés et de jours en présentiel est à privilégier. En outre, seulement 18 % de la totalité des actifs souhaiterait télétravailler. Cela signifie que ce mode de travail peut être proposé lorsqu’il est possible, mais que ce n’est pas le critère premier permettant un mieux-être au travail.


Par ailleurs, il y a eu 47 % d’accords collectifs entre les partenaires sociaux et la direction sur le télétravail. Dans ce cas, par-delà le télétravail, pourquoi ne pas prendre soin des collaborateurs en partant d’un questionnaire de QV2T distribué à chacun d’entre eux ?


L’enjeu est donc moins de permettre à tous les travailleurs de devenir des télétravailleurs que de donner à chacun, quelle que soit sa situation socioprofessionnelle, les moyens concrets d’avoir une meilleure QV2T. Plus d’hybridité, de souplesse, de volonté montrée par le manager et, parfois, d’évaluation de la rémunération peuvent créer plus de sentiment de liberté, de plaisir et d’épanouissement personnel.


UN INDICE TRIPARTITE ET PRÉCIS


Cet indice de QV2T a été conçu par 3 personnalités apportant leur savoir-faire développé au sein de leur entité respective :

  • Alexandre Jost a fondé le think-tank de la Fabrique Spinoza afin d’apporter des réponses autour de sujets liés au bonheur, notamment dans le monde du travail. Pour la construction de ce baromètre, il a amené sa connaissance et son regard aiguisé
  • Créateur de l’institut Think après plus de 20 ans d’expérience dans le secteur des études, Frédéric Albert est l’architecte de l’indice. Il a pu proposer son expertise sur le monde de l’entreprise et ses compétences statistique et méthodologique
  • Directeur général de Norstat France, Romain Barbet développe la filiale française du groupe européen de collecte de données consommateurs. Actuellement actif dans 20 pays, Norstat est notamment un acteur majeur pour les études de marché et apporte, pour l’indice de QV2T, la qualité et la rigueur dans la collecte de la matière première auprès des Français et Françaises

La première réalisation du tracking mensuel de la Qualité de Vie au Travail et au Télétravail a eu lieu du 21 au 27 septembre 2021 sur une base de 1001 actifs français. Cette base provient de tous les secteurs d’activités, privés comme publics (industrie, BTP, agriculture, commerce, services aux entreprises, services aux particuliers, administrations), et d’entreprises de toute taille (TPE, PME, ETI, GE (Grandes Entreprises > 5000 salariés). Les personnes interrogées ont, pour certaines, télétravaillé durant la pandémie, pour d’autres non. La représentativité a été déterminée selon la méthode des quotas, grâce aux données 2020 de l’INSEE sur la profession, le sexe, l’âge, la taille d’entreprise, le secteur d’activité et la région. Pour découvrir tous les résultats du premier sondage, c’est par là.

Avec un échantillon renouvelé d’actifs, une prochaine vague d’étude de la QV2T se déroulera mi-novembre.


Voir le communiqué de presse ici.

Cet article a été rédigé dans le cadre du programme LinkedIn #Changemakers dont Alexandre Jost, fondateur de la Fabrique Spinoza, fait partie. Découvrez-en plus sur le programme ici.